Colmars les Alpes
Ancienne ville frontière entre la France et la Savoie, Colmars-les-Alpes est une cité marquée par son architecture militaire classique.
Lorsqu'en
1388, la Vallée de
l'Ubaye et Val d'Allos 1400 (Allos) se donnent à la Savoie,
Colmars-les-Alpes se retrouve de fait aux marches de la Provence.
Cette situation durera jusqu'en 1713. Corsetée dans des
murailles puissantes, la cité apparaît telle une vigie en
bordure du Verdon. S'il ne reste que quelques pans de murs des
remparts du XIVe siècle, les ouvrages entrepris sous
la direction de Vauban à la fin du XVIIe
siècle sont
intacts. Deux redoutes surveillent les ponts : le Fort de France
à l'ouest et le Fort de Savoie à l'est, au plan plus
sophistiqué. Colmars-les-Alpes possède également
une belle
architecture civile de montagne : maisons hautes aux toits de
bardeaux, rues médiévales pavées ... Ses trois
édifices
religieux conservent un intéressant mobilier du XVIIe
siècle, en particulier une toile du rosaire à l'Eglise
Saint-Martin et un retable baroque à la Chapelle Saint-Joseph.
Au Moyen Age, Colmars-les-Alpes était un important lieu de
production de draps de laine vendus sur toutes les foires de
Provence. A partir du village, de nombreuses randonnées sont
possibles dans des sites d'exception : balade de la Cascade de la
Lance (1 heure aller/retour) ou du Col des Champs (12 km dans une
forêt de mélèzes).
La ville de Colmars organise tous les ans
des fêtes médiévales (2ème weekend
d'août)
Au programme, tournois équestres de chevaliers,
duels à l'épée dans les rues, habitants en
costumes, maisons et monuments parés d'oriflames, musiciens
médiévaux.
Photos des fêtes
médiévales : Cliquer sur ce lien =>
Quelques
photos de la ville, des remparts et des forts
Vue prise du fort de Savoie |
Les remparts et le clocher |
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Lien
vers un site en
Anglais => http://www.provencebeyond.com/villages/colmars.html
Histoire de Colmars
Le village de Colmars-les-Alpes est une fondation ancienne née probablement de l’implantation des Gallites au Xième siècle avant J.C.
La dominante romaine fut établie dans la Vallée du Verdon de l’an 13 av J.C. jusqu’en 480.
D’après quelques historiens locaux, Adrien Roux ou encore l’abbé Pelissier, curé d’Allos, les Gallites, peuplade Gaulois-Ombriens, auraient été pacifiés au 1er siècle par des armées romaines. Celles-ci auraient construit sur le site, occupé aujourd’hui par le Fort de Savoie, un temple dédié à Mars, Dieu de la guerre.
Il est actuellement difficile de rassembler une documentation précise sur les étapes de fondation du lieu.
Période Post-Romaine
Cependant une autre construction sur le même site permet de démontrer que l’implantation du premier noyau villageois se situait sur le promontoire Saint Martin, au quartier Sainte Anne. Effectivement, en 720/730, les premières populations christianisées du lieu y construisirent une collégiale dédicacée à Saint Martin. C’était un bâtiment à nef unique de trois travées précédant le choeur qui se terminait par un chevet à trois pans éclairé par une fenêtre ; une chapelle devait se trouver à gauche du choeur. De puissants contreforts consolidaient les murs de l’abside et de la nef. La porte d’entrée et une autre plus petite faisaient communiquer l’église et le cimetière avoisinant (celui-ci a dû servir jusqu’au XVIIème siècle puisque des soldats de la garnison y furent enterrés).
Ce bâtiment fut détruit en 1583 sur les ordres du prieur, Henri de Valois. La collégiale, à défaut de servir de forteresse comme le craignait ce haut dignitaire, fut transformée en carrière de pierres.
Il subsiste encore aujourd’hui, dans le paysage de notre petite cité, des vestiges inaltérables de ce " glorieux passé ". Tout d’abord des colonnes, l’une provenant de la collégiale, les deux autres qui proviendraient du temple (ce qui est moins évident à certifier). Cet ensemble se trouve dans la première enceinte de l’actuel Fort de Savoie. puis deux pierres placées dans les piédroits de part et d’autre de la petite porte de l’église paroissiale font référence par deux inscriptions en latin, de la réparation de la collégiale en 1530, par un ouvrier d’Anvers, Mathieu le Teuton.
L’ensemble de cette documentation archéologique permet d’expliquer l’étymologie du nom de la ville. Colmars viendrait de Collis martis, " colline de Mars ", en référence à la construction romaine. Il apparaît au regard de certaines sources écrites, la Charte de donation de 1056 par exemple, que le village fut bien dénommé de cette manière jusqu’au XIème siècle. Cependant, une évolution apparaît dès le XIIème siècle. La Charte de Consulat (1233) ainsi que le Statut Forestier (1297) mentionnent le leiu sous le terme " Collomartium ". Cette nouvelle référence se rapproche plus de la dédicace de la collègiale St Martin que de Mars. Cependant, notons que le thème principal, qui est la guerre, demeure et sera le fil conducteur de l’histoire de Colmars jusqu’au XIXème siècle.
L’évolution du nom suit un mouvement plus vaste qui est celui de la christianisation des noms de lieux. Idée qui fut l’un des supports de la politique religieuse des dynasties carolingienne et capétienne.
La christianisation de la Vallée du Verdon a été faite par Saint Vincent (de Lérins V) et Saint Domnin dont nous retrouvons de multiples références à Digne-les-Bains.
Un manque évident de documentation ne permet pas actuellement de donner des indications sur le village entre 1056 et 1233.
A partir de la Charte de Consulat notre connaissance devient plus claire. En 1233, Raymond Béranger V, comte depuis 1209, donne aux localités d’Allos, Beauvezer et Colmars, une Charte de Consulat. Cette distinction résulte d’une politique générale menée en Provence par le comte. Celui-ci essaie de briser l’indépendance de certaines villes afin de lutter contre l’autorité des seigneurs locaux. L’institution mise en place lui permet d’affaiblir une noblesse peu sûre à ses yeux. Le Consulat est alors considéré par certains comme un moyen politique de lutte contre ceux qui refusent l’autorité centrale, alors que d’autres y voient surtout un ensemble aux intérêts économiques communs, dont le principal souci est la sauvegarde des étendues forestières et pastorales (cf ouvrage de Th. Sclafert-1960).
Le village de Colmars vivra sous le régime du Consulat jusqu’à la Révolution française.
La composition en est la suivante, cinq membres élus : un choisi parmi la noblesse, trois parmi les prud’hommes et le dernier, le bayle choisi par le comte. Il fait office de représentant de l’autorité.
Le comte attribue à ce conseil une juridiction se traduisant par l’obtention de pouvoirs définis de manière générale sous le terme " basse justice ". Il se réserve par ailleurs les crimes entraînant l’effusion de sang, la peine de mort, la confiscation des biens et le bannissement, c’est à dire le merum imperium ou mère empire. Ce statut sera successivement réaffirmé en 1385 par la charte du 12 Août accordée par Charles de Duras puis en 1390 par les lettres patentes de la régente Marie de Blois, ainsi qu’à plusieurs reprises à l’époque moderne.
Deux événements vont marquer le XIVème siècle finissant qui détermineront le sort des populations à travers le choix des alliances politiques. Le premier est l’assassinat de Jeanne, reine de Naples et comtesse de Provence, en 1382, le second la séparation de la Vallée en deux avec l’alliance contractée par Allos auprès de Charles Duras, en 1385. De fait, Colmars se retrouve en situation de frontière, il est donc impératif de commencer la construction de protections. C’est ainsi que les premiers remparts virent le jour.
Le site choisi pour ces installations sera celui du second quartier du village. En effet, le village médiéval de Colmars se situait à l’origine à proximité de la collégiale Saint Martin. Le statut forestier de 1297 donne une liste de signataires, liste qui mentionne un zonage des habitations. Deux hypothèses s’offrent à nous : soit le premier noyau villageois était trop limité en surface, soit de nouvelles activités apparues au cours des XIII/XIVèmes siècles nécessitaient la proximité de l’eau (pour le tissage par exemple) entraînant une délocalisation de l’habitat.
Par ailleurs, en 1390, Colmars doit faire face à une attaque de Raymond de Turenne, aventurier de haut parrainage, révolté contre la Régente.
La construction de remparts est donc justifiée. La nouvelle vie du village s’organise autour de deux pôles majeurs, celui de l’activité militaire avec la charge de surveiller la frontière et celui de l’artisanat axé principalement sur la draperie.
La transhumance estivale remplaçant un mouvement plus modeste de transhumance inverse donne naissance à partir de 1470 à l’activité drapière (Adrien Roux). Développée par unité familiale de production, la draperie draine autour d’elle non seulement des activités annexes (filage-foulon-foires) mais encore de nombreux manouvriers. Le village rentre à ce moment dans une ère de prospérité autant matérielle que démographique.
A ce propos, Edouard Baratier, dans la démographie provençale, parle d’environ 300 feux pour 1344, de 170 pour 1471. La cité comptera jusqu’à 3 000 habitants à la veille de 1670.
Revenons pour un court instant au XVIème siècle. La menace que fait peser Charles Quint sur la Provence engage François 1er à remplacer les défenses de Colmars. L’enceinte rendue plus efficace est encore debout. La muraille flanquée de petites tours carrées est rénovée. Deux portes en défendent les accès avec des passages voûtés entre deux tours reliées par des machicoulis. Ces deux tours sont protégées chacune par une barbacane en forme de bastion, ajoutée à ce moment-là, dont le double mur percé d’embrasures permet le tir aussi bien interne qu’externe.
Le Roi François 1er distingue Colmars en 1538. Un privilège écrit confirme l’ensemble des droits acquis jusqu’à présent par les habitants. De plus, pour remercier la population de son soutien à l’armée durant le conflit il donne au bourg le titre honorifique de " ville ".
La barbacane sud, dite " Porte de France " comporte encore les traces de ces péripéties militaires. Elle est ornée d’une plaque de pierre moulurée sur laquelle on peut distinguer un écusson aux reliefs effacés, mais sur lequel on lit : " 1527 ANNO DN Jesu XRI Te(m)pore fra(n)cisi francorum Regis Nostri " ce qui signifie : " 1527 an de notre Seigneur Jésus Christ au temps de François notre roi ".
A la fin du XVIème siècle Colmars sera à nouveau incendié et cela par deux fois : en 1583, par Cartier, lieutenant d’Henri de Valois qui s’attaque à la ville puis par le sieur de Mirabeau qui essaie à son tour de prendre les murailles, en 1590. Mis en échec tous les deux ils décident de brûler les maisons situées à l’abri des remparts. Ces deux faits militaires sont la conséquence de la décision prise par les habitants de sonner asile aux protestants provençaux. Ce choix est compris comme une dissidence par les autorités royales. Il reste peu de traces matérielles du passages des réfugiés protestants et pourtant ceux-ci ont probablement, par la propagation de leurs nouvelles conceptions religieuses, préparé le terrain aux idées de l’évêque janséniste, Monseigneur Soanen, qui aura en charge l’évêché de Senez, entre 1720 et 1727, dont Colmars dépendait.
Le XVIIème siècle sera pour Colmars un siècle de bouleversements et de reconstructions en tous genres. Après avoir connu une prospérité sans précédent, la ville va être confrontée à un nouvel incendie, involontaire cette fois mais tellement plus dévastateur que les précédents.
Le village touché dans ses murs mêmes aura énormément de mal à retrouver le niveau économique auquel il était parvenu avant la catastrophe.
Laissons maintenant à Monseigneur Villeserin alors évêque de Digne et témoin des événements le soin de nous conter cette terrible nuit du 8 Août 1672. Le témoignage qui suit est extrait d’un texte de M.Z Isnard " Récit de l’incendie de Colmars en l’Evêché de Senez le 8 Août 1672 ". Archives Départementales de Digne - C110. L’auteur donne les précisions suivantes . Nous reproduisons ce document précieux tout entier et aussi fidèlement que possible, avec son orthographe, nous bornant a y introduire la ponctuation et l’apostrophe pour en faciliter la lecture ".
" Ville défendue par Vauban, ville imprenable, ville investie par Vauban, ville prise ". dit on aux temps de Louis XIV. Vauban est tout naturellement connu pour son oeuvre militaire, un ensemble de forteresses sur la totalité des frontières françaises.
Vauban est surtout le maître d’oeuvre de Colmars, faisant parti depuis
toujours de notre patrimoine architectural et historique. Allons donc à la rencontre de ce personnage, passionnant.
Vauban voit le jour le 4 Mai 1633 à Saint Léger de Foucheret, dans le Morvan. Sa famille est de petite noblesse, son père Urbain est écuyer.
En 1651, alors que la fronde fait rage en France, soulevant le parlement et les princes contre l’autorité royale, Vauban s’engage comme cadet dans le régiment de Condé.
Il est ensuite employé aux fortifications de Clermont en Lorraine et rentre dans la cavalerie.
A la suite de ces événements, la vie de Vauban est scandée de sièges :
Stenay, Arras, Landrecies, Valenciennes, Gravelines, Ypres. Entre temps il reçoit son brevet d’ingénieur ordinaire du roi (1655).
En 1660, Vauban épouse Jeanne d’Ornay, fille du baron d’Epiry, il aura d’elle plusieurs enfants.
Gouverneur de la citadelle de Lille en 1668. Il reçoit ensuite un don du roi de 80000 livres en remerciement des services rendus. Il rachète en 1675 le château familial de Bazoche. Vauban est ensuite successivement gouverneur de Douai, puis de Lille, commandant de Brest, ainsi que de Basse-Bretagne.
Cependant au-delà de toutes ces attributions le personnage se distingue avant tout par son génie militaire. Pour lui la guerre est inévitable : " La guerre a pour père l’intérêt, pour mère l’ambition et pour proches parents toutes les passions qui nous conduisent au mal ".
Il faut donc une armée pour défendre le pays. Il réorganise celle qui est mise à sa disposition. L’ensemble des réformes ne peuvent être exposées ici, cependant contre toutes attentes, Vauban améliore la conscription, le recrutement des officiers, sans oublier le sort du soldat de base.
Devenu ingénieur, il n’oublie pas le métier de fantassin pour autant : il essaye de faciliter sa tâche et d’améliorer ses moyens notamment en modifiant l’armement, mousquets et piques sont remplacés par des fusils à baillonnettes à douille. Il conçoit également des plans types de casernes. Il demande à Louvois l’établissement de repos dominical. Pour limiter les délais d’instruction et d’incompétence des volontaires chargés de faire les brèches lors des sièges, Vauban demande au Roi de créer des compagnies de sapeurs et de mineurs permanents. Le corps prend le nom de " génie " sous Louis XV.
Maréchal de France en 1703, Vauban doit son avancement à son seul mérite. Modeste, honnête, homme de devoir il sut joindre le désintéressement le plus complet, la loyauté, la franchise à la modestie la plus grande. Son dévouement à la patrie et au Roi est entier.
Les ouvrages de Vauban sont présents sur l’ensemble des frontières françaises, certains perdurent encore tel Colmars que nous détaillerons plus loin.
Cependant, l’ingénieur à toujours refusé d’écrire ses principes. De modestes mentions apparaissent dans les sources, en voici quelques unes : " toutes les parties d’une fortification doivent être défendues, c’est pourquoi si quelques parties étaient fortifiées par nature, il faudrait fortifier les autres par art ". " Les parties qui flanquent ne doivent être vues que de celles qu’elles doivent flanquer. Les parties exposées aux batteries des ennemies et principalement celles qui flanquent doivent être à l’épreuve des machines dont on se sert pour les détruire ".
Le contexte d’intervention des architectes à Colmars durant le XVIIème siècle, doit être une fois de plus apposé à la situation politique du royaume de France. En effet, l’entrée du Duc de Savoie dans la ligue d’Augsbourg modifie les alliances. D’allié le Duc devient ennemi. La menace d’incursion savoyarde en Provence apparaît alors quasi inévitable.
Durant l’automne 1690 le Marquis de Parelle franchit le Col d’Allos, arrive avec quelques petites pièces de canon devant Colmars en vue d’y mettre le siège. Les soldats aidés des habitants repoussent l’ennemi, alors que les autorités militaires se rendent compte da la nécessité de rénover le dispositif militaire de la ville.
Dans un rapport du 15 Octobre 1690, Niquet Directeur des fortifications de Provence demandait que soit édifié à Colmars, un réduit avec galerie crénelée devant les deux portes de la ville. Il était aussi important de transformer les tours d’enceinte médiévales, en tours pentagonales bastionnées couvertes de charpente. Il sillicitait en outre de nouvelles tours ainsi qu’un magasin à poudre.
Constatant que les deux bosses situées devant les deux extrémités de la ville dominent et maquent les deux points par où l’ennemi pouvait éventuellement déboucher, il proposa de les coiffer de deux redoutes.
En 1693, Vauban achève sa tournée d’inspection dans les Alpes. Il se rend successivement à Sisteron, Nice, Digne, Castellane via Grasse. Il renonce à visiter Colmars et Entrevaux en raison d’un rhume tenace et l’état déplorable des chemins.
C’est donc de Nice qu’il étudie le projet de fortifications de Colmars daté du 31 Janvier 1693. Comme à l’accoutumé, l’ingénieur décrit les lieux : " le pays de Colmars est bosselé, rude et stérile. Sur les montagnes il y a quelques bois : méleise, espèces de sapins, et de pâturages assez abondants dans les pentes plus praticables il y a quelques blés. La ville est fermée d’une veille et faible enceinte adossée aux maisons. Depuis peu des travaux ont été fait notamment pour boucher les nombreux " trous ", et convertir les jours en crénaux ".
Selon Vauban les travaux sont d’importance, d’autant que la place est de première ligne.
Le projet de Vauban est estimé à environ 212021 livres 10 sols, pour les travaux les plus urgents. Le devis de Caux s’élève quant à lui à 435786 livres quelques années après. Qu’en est-il réellement ?
Entre 1691 et 1693 quatre tours pentagonales sont construites : la tour du clocher, celle du Verdon, ainsi que la tour Dauphine et Garcin. Les murs de ces tours sont de faible épaisseur (80 cm). Elle sont donc peu résistantes aux tirs de canons. Elles sont recouvertes d’une toiture en mélèze et renferme un plancher également en bois, séparant deux étages. Le premier communiquant avec le chemin de ronde.
A la suite des modifications du rempart les architectes envoyés par Vauban, Creuzet de Richerand, Beauvoisin et Niquet commencent la construction de deux redoutes.
Le Fort de France (ou du calvaire) à, au sud de la ville permet une surveillance des entrées dans Colmars.
Le Fort Saint Martin (ou de Savoie), au nord s’expose en première ligne face à la frontière, défendant ainsi contre les attaques ennemies.
Les deux forts servent essentiellement de dissuasion. Ils verrouillent le site en s’incluant d’une manière particulière dans le paysage. Souci esthétique ou camouflage ? Chacun appréciera en se rendant sur les lieux. Deux passages protégés permettent aux soldats de circuler entre deux forts et les remparts tout en se préservant des attaques ennemies.
Le village qui ne se compose alors que de 500 âmes entretient une garnison d’environ 150 hommes. Les villageois nourrissent, habillent et logent ces hommes qui en échange assurent leur protection. Les estimations démographiques de Vauban surprennent. Effectivement en 1672 la population est encore nombreuse, 2000 personnes d’après le récit de l’évêque de Digne.
Vauban explique qu’un régiment stationné en 1692 dans la ville y apporta la dysenterie et des fièvres malignes. Ces épidémies tuèrent un tiers des habitants. La charge d’entretien devient de plus en plus lourde que la population diminue, les plaintes fusent donc jusqu’à l’obtention d’une caserne devant assurer le logement des troupes.
Polémiques misent à part, Vauban a bien séjourné à Colmars en Octobre 1700, non pour construire il est vrai mais pour vérifier les travaux effectués.
Les archives de génie n’ont pas conservées le mémoire du 10 Octobre. Vauban mécontent des réalisations, notamment en ce qui concerne le Fort de Savoie y expose ses critiques. Les plans de chacun des bâtiments comportent des modifications envisagées par l’architecte. L’état des finances, le rôle secondaire des Alpes à partir de la guerre de succession d’Espagne expliquent certainement que l’ensemble des projets de restauration ne purent être réalisés. La seule opération d’envergure au court du XVIIIème siècle sera la rectification du cours du Verdon grâce à une digue afin d’éloigner le torrent des murailles de la ville.
Quant à Vauban, il fut inhumé le 16 avril 1707 dans l’église du château familial. Sa sépulture fut profanée durant la Révolution. Napoléon Ier prit la décision en 1804 de transférer le coeur du maréchal aux invalides le 26 Mai 1808.
Depuis les reconnaissances, les hommages se succèdent, démontrant le génie de cet homme de guerre mais aussi de lettres et de religion. Vauban fut aimé des humbles, honoré par les plus grands, jusqu’aux hautes sphères du soleil triomphant, dont les rayons le brûlèrent parfois.
Que dire de plus du maréchal dont l’oeuvre est aujourd’hui considérée comme faisant partie du patrimoine national, que ce qu’il dirait lui-même : " La gloire ne vole pas comme un papillon, elle s’acquiert que par des actions réelles et solides. "
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