THORAME BASSE 1126m.

Thorame Basse annonce déjà la Provence, et les moutons qui peuplent ses paysages rejoignent en été ceux venus par la vallée de l'Issole pour la transhumance. Terre agricole, ce village et ses nombreux hameaux sont les témoins vivants d'un riche héritage rural. Cette Vallée de l’Issole, offre de larges pâturages propices à l’élevage ovin dans un région qui a été longtemps un des hauts lieux de la transhumance. Aujourd’hui encore de nombreux troupeaux transhument encore par les routes et sentiers de la Vallée, notamment sur les montagnes entourant ce village.

Monuments à visiter : La chapelle St Thomas et ses magnifiques fresques.

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HISTOIRE DE THORAME-BASSE

La Seigneurie de Thorame-Basse du Baron de Castellane à la Famille de Jassaud

Extrait du Livret "Thorame-Basse d'Hier et d'Aujourd'hui" publié par l'association "Culture et Patrimoine"

" La seigneurie de Thorame-Basse faisait partie de la baronnie de Castellane. Boniface IV, le dernier de nos souverains, fit hommage en 1226, comme baron de Castellane, au comte Béranger, de vingt-six seigneuries, parmi lesquelles on remarque Thorame-Basse, Thoramina inferior.

Il paraît cependant qu’à la même époque, la famille de Feraud, connue plus tard sous le nom de Glandevez, possédait un tiers de la terre de Thorame-Basse.

Anselme Feraud, co-seigneur de Thorame-Basse, avait épousé en 1235, l’héritière de la maison Bald, ou Baud de Glandevez.

En 1350, Isnard Feraud dit le " vieux ", seigneur de Cuers, Glandevez, Pourcieux et Thorame, rendit hommage entre les mains de Raimond d’Agoult, grand Sénéchal de Provence. Son fils Guillaume fit aussi hommage en 1352.

La baronnie de Castellane avait été réunie en 1260 au comté de Provence, et après la suppression de cette souveraineté, il y eut à Thorame-Basse plusieurs co-seigneurs qui acquirent leurs droits par l’effet des libéralités qu’ils reçurent des anciens Comtes de Provence, ce ne fut qu’en 1643 que ce fief fut réuni sur la tête d’une seule personne. Le 23 Août 1386, Marie de Blois, Reine de Sicile, en qualité de mère tutrice de Louis II, fit donation de la haute juridiction de la terre de Thorame-Basse à Isnard de Glandevez, dit " le Grand ", fils de Guillaume, ce qui occasionna un procès intenté par les autres co-seigneurs qui firent révoquer cette donation.

Par transaction du 17 Avril 1440, passé devant Borelly, notaire à Aix, Pierre de Feraud de Glandevez, fils d’Isnard, céda à son frère Antoine tous ses droits à la seigneurie et place de Thorame-Basse, et quelques années après, Antoine aliéna ces mêmes droits en faveur de Pierre de Guiramand, Seigneur de Lambruisse.

François de Guiramand, son fils, prêta foi et hommage le 10 Mai 1514, entre les mains du Duc de Longueville, grand Sénéchal de Provence.

La famille Guiramand, qui habitait Barcelonnette, fut se fixer à Aix vers 1350, et elle fonda une chapelle dans l’église des Précheurs de cette ville, en 1383. Antoine de Guiramand laissa en 1385 huit florins d’or pour l’entretien de cette chapelle. Ses descendants firent de grandes libéralités aux moines de ce couvent.

Pierre de Guiramand avait été maître d’hôtel du Roi ; son fils et l’un de ses frères furent évêques de Digne.

On a trouvé dans différents titres que Pons de Soleihas, Vessanus de Blevis ou de Blieux, et François et Jean de Podiot ou de Piègut possédèrent aussi des portions de la seigneurie de Thorame-Basse, après que la baronnie de Castellane eut été anéantie : mais on n’a conservé des documents que sur cette dernière famille.

Rossoline de Piègut, héritière des Podiot, épousa en 1444 Jean Fontésy, notaire à grasse. Honoré et Hugues Fontésy de Piègut, deux de leurs fils, prêtèrent hommage au Roi René, le 25 Octobre 1471, et à Charles d’Anjou le 3 Mai 1480.

Un autre co-seigneur de Thorame-Basse, Maxime de Castellane, des barons d’Allemagne, fit aussi hommage en 1514. Honoré et Antoine de Puget frères, de la ville de Brignoles, acquirent le 24 décembre 1526, la portion possédée par Maxime de Castellane et vers la même époque ils achetèrent celles appartenant à la famille Fontésy de Piègut, et aux héritiers de Bellonne de Soleihas représentant Pons de Soleihas. Mais la vente passée par Maxime de Castellane fut annulée longtemps après, et Claude de Castellane, seigneur de Tournon, fils de Maxime, fut réintégré dans ses droits à la terre de Thorame-Basse. Honoré et Antoine de Puget étaient fils de Jean de Puget, seigneur de Chasteuil, de Brenon, et autres lieux. Cette branche avait formé celle des seigneurs de Fuveau, de Prats, de Saint-Marc et plusieurs autres.

Honoré de Puget, fils d’Antoine, fut condamné à mort et exécuté pour avoir trop facilement livré la ville d’Aix, à Charles Quint qui se présentait pour l’assiéger, quoique tous les historiens rapportent qu’elle ne pouvait pas soutenir un siège.

Les familles d’Oraison et d’Isoard devinrent acquéreurs en 1508 et 1584, des portions des sieurs de Puget, et Jean d’Isoard acheta bientôt après le tiers appartenant au sieur de Guiramand ; mais son fils Alexandre vendit, le 25 Février 1611, les cinq douzièmes de ce tiers à Pierre Trichart de Saint Martin, Président au Parlement, et le fils de celui-ci, conseiller au Parlement, prêta hommage en 1636.

Hubert d’Isoard, co-seigneur de Thorame-Basse, fut maintenu dans sa noblesse, par arrêt du 11 Juillet 1667 ; il prouva qu’Annibal d’Isoard son père, homme d’arme de la Compagnie d’ordonnance de M. le Duc de Guisse, en 1628, son aïeul, Esprit d’Isoard, seigneur de Thorame-Basse, et son bisaïeul, Jean d’Isoard, élu syndic de la noblesse en 1598, avaient vécu noblement.

En 1643, la respectable famille de Jassaud fut propriétaire de la seigneurie de Thorame-Basse.

En effet, Honoré et Jean de Jassaud frères acquirent le 11 Mai 1619, par acte, notaire Roque à Marseille, la portion alors possédée par Elzéar d’Oraison. Alexandre de Jassaud, fils de Jean, acheta le 26 Septembre 1637, celle appartenant à la famille de Castellane, et par autre contrat du 3 Janvier 1643, reçu par Garel, notaire à Marseille, il acquit le restant de cette seigneurie du Conseiller Trichart de Saint Martin avec lequel il eut un long procès qui se termina en 1666, par une transaction intervenue entre leurs héritiers.

Annibal de Jassaud, fils d’Alexandre, fit hommage le 13 Janvier 1673, de la terre, place et seigneurie entière de Thorame-Basse et il renouvella, le 14 Août 1719, à l’avènement de Louis XV, au trône. Ses descendants, Jean-Alexandre et Hypolite de Jassaud remplirent le même devoir, en 1739 et 1753, et ce dernier, lieutenant des maréchaux de France, ainsi que son oncle, le chevalier Pierre-Jacques de Jassaud, décédée à Thorame en Août 1789, à l’âge de quatre vingt huit ans, et dont la mémoire est encore en vénération dans toute la contrée, prêtèrent aussi hommage en 1775 à Louis XVI.

La famille de Jassaud est originaire d’Italie, d’autres disent de la Normandie. Le premier dont on ait une connaissance authentique, est Hugues de Jassaud qui demeurait au Luc. On lit dans une transaction du 3 Octobre 1416, Hugo Jassaudi Miles de Luco. Miles correspondait alors au titre de chevalier. Il suivit à la guerre le comte de Provence, Louis III d’Anjou et il fut tué à la bataille d’Aquila que ce prince gagna sur les Catalans en 1429.

Son petit-fils Jacques de Jassaud, fut bailli et capitaine pour le Roi, à Toulon, ainsi que le prouvent des délibérations de 1497, conservées dans les archives de la même ville. Ainsi, il exerçait une charge de robe et d’épée, en même temps correspondante à celle de Vidame dans l’intérieur de la France.

Morel, fils de Jacques, conduit vraisemblablement par quelque expédition militaire, dans la Haute Provence s’y établit et fit son testament en latin reçu par Garnier, notaire à Colmars, le 15 décembre 1506. Il est qualifié dans cet acte, de seigneur de la Mouthière. Il laissa deux fils qui entrèrent au service de Henri II, et l’aîné, Georges de Jassaud, fut blessé en combattant vaillamment à la bataille de Renti, gagnée par ce Prince en 1554 contre Charles-Quint.

Joseph, l’aîné des quatre fils de Georges, fut écuyer, gentilhomme du Prince de Condé, et esprit l’un de ses frères fut tué en 1576 en combattant pour Henri III contre les religionnaires.

A l’époque de la ligue, cette famille se distingua par son dévouement à Henri IV. Jean de Jassaud fils de Joseph se trouva en 1587 au siège d’Amiens que ce Prince reprit sur les espagnols.

Isnard son frère, fit aussi preuve de zèle pour la cause royale, et pour l’en récompenser, le bon Roi, par brevet de joyeux avènement, expédié à Dieppe le 15 Décembre 1589, lui assigna la première chanoinie qui vaquerait dans l’église métropolitaine de Saint Sauveur d’Aix. Ce brevet n’eut son effet qu’en 1604. Isnard, simple tonsuré, résigna le canocicat à son neveu, Honoré, qui était prêtre, et il se fixa à Paris, le roi l’ayant nommé secrétaire de sa chambre. Honoré avait résisté avec éclat au parti du Duc d’Epernon, aussi son nom figure-t-il sur la liste des nobles et des communautés de Provence, qui furent autorisés à évoquer leurs procès du Parlement d’Aix à celui de Dijon.

Alexandre de Jassaud, fils aîné de Jean, fit six campagnes consécutives (de 1634 à 1640) en Piémont dans l’armée commandée par le Comte d’Harcourt, pour rétablir dans ses droits la Régente Christine de France, soeur de Louis XIII. Son jeune frère, Honoré de Jassaud, alla le joindre pendant la dernière de ses campagnes ; mais atteint d’un coup de feu au siège de Turin, il fut éloigné du théâtre de la guerre, et il mourut à Aix des suites de ses blessures en Juin 1641, âgé seulement de dix-sept ans.

Le 9 du même mois, la Duchesse Régente récompensa Alexandre de Jassaud, en lui donnant une commission de capitaine de cent d’hommes d’armes. En cette qualité, il répondit à l’appel qui lui fut fait pour la convocation du ban et de l’arrière-ban de Provence, en 1642. Il fit les campagnes de Flandres, suivit fidèlement l’armée royale pendant la minorité de Louis XIV, époque de défections éclatantes, et dans cette guerre civile, le même Alexandre de Jassaud prit une part glorieuse au combat de la Porte Saint Antoine. Son troisième frère, connu sous le nom de Chevalier des Combes, domaine dépendant de la seigneurie de Thorame se fit dès ses premières armes, une telle réputation de bravoure que nommé, à vingt-deux ans, capitaine de chevaux légers, il fut désigné pour l’attaque la plus périlleuse, sous les murs d’Etampes où le Prince de Condé s’était réfugié avec ses plus chauds partisans, et était assiégé par l’armée royale. Le Chevalier des Combes, criblé de blessures, mourut onze jours après, le 2 Juillet 1652.

Un des fils d’Alexandre, sieur de la Valette, entra très jeune dans le régiment de Provence, levé par le Comte de Grignan ; il s’y distingua et fut fait capitaine. Se trouvant à Colmars lorsque les Piémontais tentèrent de s’emparer de la ville, il eut le commandement d’un détachement chargé de surveiller et de combattre au besoin l’ennemi.

Le sieur de la Valette se trouva au combat sanglant qui eut lieu le 15 Août 1707, devant Toulon, et dont l’issue, glorieuse pour notre armée et pour le Maréchal de Tessé qui la commandait, détermina le Duc de Savoie, le Prince Eugène, et l’amiral Schonel à s’éloigner promptement de cette ville qu’ils assiégeaient par terre et mer.

Sous le règne de Louis XIV, plusieurs officiers du nom de Jassaud se distinguèrent dans le régiment du Roi et dans la marine. L’un deux, aussi appelé Jean-Alexandre, frère unique du dernier seigneur de Thorame, Hypolite de Jassaud, promu au grade de lieutenant de vaisseau, après dix campagnes la plupart de guerre, et reçut la croix de Saint Louis, le 10 Juillet 1770. Il prit sa retraite l’année suivante en raison de l’inaction dans laquelle la paix conclue avec l’Angleterre laissait notre marine, et aimé et respecté dans toute la Haute Provence, il mourut en 1783.

Qu’il me soit permis, en terminant cet article que j’ai rendu le plus succinct possible, d’exprimer un sentiment pénible mais qui sera partagé par mes compatriotes : c’est le regret de voir une famille si honorable pour notre arrondissement, sur le point de s’éteindre. En effet, nombreuses et florissante en 1789, elle fut dispersée par nos discordes civiles et se trouve aujourd’hui réduite à deux célibataires âgés : l’un descendant direct d’Isnard de Jassaud, est maréchal de camp en retraite comme ancien major des gardes du corps de Louis XVIII et de Charles X ; l’autre est le respectable M. le Baron de Jassaud de Thorame qui habite Digne depuis 1821.

(M. de Thorame, fils du dernier seigneur, avait trois frères. Les deux plus jeunes étaient élèves du roi ; l’un à l’école militaire de Tournon, l’autre à l’école de marine d’Alais. Leur aîné se destinait à l’état ecclésiastique ; tous les trois sont morts, à la fleur de l’âge, deux à Saint Domingue, le troisième en Italie).

Nommé Maire de cette ville, il eut le bonheur, par un bienfait de la Providence, ainsi qu’il me l’a dit lui même, de procurer aux habitants privés de toute eau potable, dès que la Bléone était trouble, les eaux d’une source jusqu’alors inconnue, salubres et tellement abondantes qu’elles serviraient aux besoins et même au luxe d’une population de trente mille âmes, aussi a-t-on multiplié les fontaines dans tous les quartiers, et procuré des prises d’eau à tous les établissements publics.

En 1825, M. de Jassaud de Thorame fut appelé aux fonctions de Conseiller en Préfecture, et en Juillet 1830, il remplit en qualité de doyen celle de préfet que M. de Crozes avait laissé vacantes jusqu’à l’arrivée de M. Joseph Bernard. Il garantit par sa prudence et sa fermeté le département de toute agitation ; on donna des éloges à son dévouement pendant ces circonstances difficiles, et après avoir installé le Préfet, le 23 Août, il rentra dans la vie privée.

Il fut choisi en 1833, par les électeurs du canton de Colmars pour leur mandataire au Conseil Général duquel il fait encore partie, et qu’il a présidé pendant trois sessions.

Si je ne craignais de blesser sa modestie, je tracerais toutes les actions honorables, toutes les belles qualités de cet excellent citoyen ; mais son éloge est dans tous les coeurs... ".

 

(Copie d’une étude réalisée par un contemporain de M. de Thorame